Edito: La lettre de Marielle de Sarnez. « Britanniques ou Européens du continent, nous sommes nombreux à avoir été atteints par le résultat du référendum du 23 juin dernier. »

Edito

Au moment où j’achevais ce texte, est survenu le drame qui a fait tant de victimes à Nice. Bien entendu, le sujet du terrorisme barbare et le sujet de l’avenir de l’Europe ne peuvent pas être confondus. Mais il demeure que l’un et l’autre ont à voir avec l’état du monde, et qu’une action européenne concertée et vigoureuse a pour but, en particulier, de garantir une meilleure sécurité et de chercher un meilleur équilibre dans ce monde tourmenté.

Britanniques ou Européens du continent, nous sommes nombreux à avoir été atteints par le résultat du référendum du 23 juin dernier.

Certes, ce n’est pas la première alerte.

Il y a eu l’élargissement inconsidéré, et les référendums perdus.

Il y a eu l’Europe qui ne se préoccupe que du marché, avec toujours plus de normes et de règlements, alors que nous attendions une Europe de la volonté politique.

Il y a eu de l’opacité, et des négociations à huis-clos, alors que nous attendions de la transparence.

Il y a eu la mondialisation subie, alors que nous attendions d’en saisir les chances, et d’en être protégés quand il le fallait.

Il y eu des dirigeants incapables de faire face aux nombreuses crises qui ont frappé le continent depuis près de dix ans, alors que nous attendions du courage, et de la capacité de décision.

Et il y a eu enfin la scandaleuse et inacceptable nomination de l’ancien président de la Commission chez Goldman Sachs, qui est un coup de plus porté à l’idéal européen.

Aujourd’hui, l’Union européenne est bel et bien menacée dans sa vocation, et dans son existence même.

C’est pourquoi, nous Européens, avons une responsabilité particulière, une responsabilité historique. Celle de participer à une refondation du projet européen, à une renaissance européenne.

Nous voulons un projet nouveau, donnant toute liberté aux citoyens d’être codécideurs de leur destin.

Bien sûr, il faudra une vision politique. Mais il faudra surtout de la créativité dans la vision. Le chemin vers une Europe politique et démocratique.

Pour ma part, je défendrai au moins quatre principes-clés :

Il est vital de proposer une vision, la perspective d’une Europe nouvelle, recentrée sur l’essentiel, une communauté de destin revendiquée comme telle par ceux qui en font partie. Une Europe nouvelle politique et démocratique.

– proposer à ceux qui ont une monnaie commune de partager ensemble l’initiative pour une Europe nouvelle, qui pourra être impulsée par les pays fondateurs de l’UE. Il faut resserrer le cercle des décideurs. Il en effet est impossible de prendre des décisions fortes à vingt-sept ou vingt-huit ;

– définir ensemble les grands principes de l’Union et les regrouper dans un texte d’orientation clair et lisible, une dizaine de pages, que chaque citoyen puisse appréhender et comprendre ;

– améliorer les processus démocratiques à Bruxelles et Strasbourg, comme au sein des États-membres. Les négociations diplomatiques à huis-clos ne peuvent plus tenir lieu de vie démocratique. Bien sûr, le Parlement européen doit assumer et affirmer son rôle, mais les débats sur les questions européennes doivent aussi avoir lieu dans les assemblées nationales ;

– appliquer le principe de subsidiarité en donnant la liberté aux États de gérer de près tout ce qui les concerne directement et concentrer l’action de l’Union sur les sujets majeurs, que les États ne peuvent traiter qu’ensemble. Nous devrons rapidement prendre des décisions structurantes pour affronter les grands défis économiques, sociaux, sécuritaires, migratoires, qui sont devant nous. C’est comme cela que nous renouerons avec l’efficacité européenne.

Cette démarche suppose un leadership fort. En France, le président de la République n’a plus la légitimité suffisante pour incarner et défendre une nouvelle vision aux yeux de l’Europe. Mais nous avons une chance : la prochaine grande échéance démocratique arrive rapidement. Cette question devra être au cœur de la campagne présidentielle de 2017. Si nous manquons ce rendez-vous, il n’y en aura peut-être pas d’autres.

L’Europe est un idéal : ensemble, nous décidons de nous doter d’un destin commun pour affronter le monde tel qu’il est. Mettons tout en œuvre pour permettre aux citoyens, qui sont les premiers concernés et les premiers responsables, de renouer avec cet idéal.

 

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