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François Bayrou : « La stratégie de Juppé est la plus juste  »

Paris Match, 1er avril 2015

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Pour le patron du MoDem, Nicolas Sarkozy et François Hollande sont coresponsables de la situation.

Paris Match. Les élections départementales marquent-elles la victoire de la droite ?

François Bayrou. C’est d’abord une lourde défaite de la gauche. Un sévère vote sanction, parce que les Français constatent tous les jours que le bilan de l’action (ou de l’inaction) du gouvernement est loin des promesses faites et des engagements pris. Par exemple, le gouvernement avait promis de simplifier l’incroyable millefeuille des collectivités locales. Cela ne coûtait pas un euro, et faisait faire des économies. Au bout de deux ans de tergiversations, on a un labyrinthe encore plus compliqué et plus cher ! Pour autant, on n’a pas eu ce dimanche un vote d’adhésion, qui porterait l’espoir qu’une majorité future fasse mieux que l’actuelle. C’est un vote qui dit non, mais ce n’est pas un vote qui dit oui. La confiance nécessaire pour bâtir l’avenir reste à construire.

Est-ce la stratégie de Nicolas Sarkozy ou celle d’Alain Juppé qui a été payante ?

La stratégie d’Alain Juppé est la plus juste. Pour reconstruire le pays, il faut un large rassemblement, un élan qui permette à des sensibilités différentes et même qui se sont opposées de travailler ensemble.

Vous ne semblez pas prêt à travailler avec le chef de l’UMP !

Ce qui me sépare de Sarkozy est très simple : tout responsable qui choisit d’opposer les Français entre eux, de les dresser les uns contre les autres, qui se complaît dans l’agressivité, celui-là dessert l’avenir de la France, au lieu de le servir. C’est cela qui l’a fait perdre en 2012.

Pourriez-vous travailler avec l’UMP aujourd’hui ?

Je le fais tous les jours. Dans la plupart des cantons, les représentants de l’UMP, ceux de l’UDI et ceux du MoDem étaient ensemble. Comment croyez-vous que nous ayons pu gagner le département des Pyrénées-Atlantiques sans ce rassemblement ? C’est à Paris que l’on passe son temps à se disputer et à agresser les autres. Sur le terrain on travaille évidemment ­ensemble. Encore heureux !

François Hollande peut-il redresser la barre ?

Franchement, je ne le crois pas. Il a renoncé, dès le début de son mandat, aux décisions courageuses qui auraient permis le rebond du pays. Il a privilégié les habiletés politiciennes aux décisions de fond qui orientent l’avenir. Comment rattraper de telles erreurs ?

C’est donc ni Nicolas Sarkozy ni François Hollande !

Ils portent tous les deux une part de responsabilité. Si vous regardez le chômage, la dégradation des finances publiques, les déficits, la dette, le commerce extérieur de la France, alors vous constaterez une évidence : ces courbes suivent exactement la même pente d’un mandat à l’autre ! Quand chaque camp accuse l’autre d’être responsable de la situation, c’est dérisoire.

Vous ne voulez pas du PS, ni du retour de l’UMP. Comprenez-vous le vote FN ?

Si le FN appliquait son programme, il précipiterait le pays dans le chaos et le malheur. Je veux donc une majorité nouvelle. C’est à quoi je travaille. C’est mon engagement.

Etes-vous favorable à une primaire du centre et de la droite ?

Sur cette idée de primaire, je suis très réservé, tout le monde le sait. Mécaniquement, la primaire avantage les plus durs de chaque camp, or le pays a besoin de gens qui soient au contraire capables de le rassembler et non de le diviser. On verra bien…

 

 

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