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« J’ai engagé ma vie politique pour dire qu’il faut sortir du duel entre les deux partis dominants »

Mouvement Démocrate, 16 avril 2015

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Invité de Jean-Michel Apathie ce matin au micro d’RTL, François Bayrou a estimé que la situation de la France imposait que l’on propose d’autres espoirs que ceux perpétuellement portés depuis 30 ans par le duel PS/UMP.

Bonjour François Bayrou.

Bonjour.

Vous êtes populaire et vous arrivez deuxième parmi cinquante personnalités dans le baromètre IFOP – Paris Match, battu seulement par Alain Juppé. Vous totalisez 61 % d’opinions positives. Vous êtes populaire et pourtant vous êtes solitaire, un peu isolé. À quel moment avez-vous loupé le coche François Bayrou ?

Je ne suis pas solitaire.

C’est l’impression que vous donnez.

Non, c’est l’impression que vous dites. Mais je ne suis pas solitaire parce que j’ai autour de moi une équipe de très haut niveau et très fidèle.

Vous n’avez pas loupé le coche ?

Je n’en sais rien. Évidemment, j’aurais pu être élu en 2007, c’était tout à fait possible, nous étions très près et après il y a dans la vie politique des moments plus difficiles et d’autres plus faciles. Il y a une chose qui est certaine : si on ne change pas de cap et si tous les événements qui se produisent les uns après les autres montrent que ce cap était le bon, alors d’une certaine manière on force l’estime des Français, et l’estime est le premier pas vers l’adhésion. Je crois que nous en sommes là.

Vous ferez quelque chose de ces 61 % d’opinions positives ?

J’ai tout à fait l’intention d’en faire quelque chose au service non pas de mon intérêt personnel ni même d’un intérêt partisan. Je crois que la situation de la France impose que l’on propose d’autres voies, d’autres espoirs que ceux qui sont perpétuellement portés par ceux que vous évoquez à l’instant et qui sont depuis 30 ans la même proposition au pays.

Vous dites comme Marine Le Pen ?

Je n’ai pas besoin de dire comme Marine Le Pen, je dis comme moi. J’ai risqué ma vie politique, engagé ma vie politique depuis 20 ans pour dire qu’il faut au contraire sortir de ce duel – duo qui existe entre les deux partis dominants. Mais ce n’est pas « comme Marine Le Pen ». Je considère que les solutions que Marine Le Pen propose sont mortifères, c’est-à-dire qu’elles portent pour la France beaucoup de malheurs si on les suivait. Donc ne dites pas que c’est la même chose. Je dis au contraire que dans le champ de ceux qui veulent que la France devienne autre chose que ce qu’elle est, plus adaptée au monde comme il est ou plus sculptant le monde comme il devrait être, alors je pense que le duo entre le PS et l’UMP n’a pas apporté les solutions et n’apporte pas de réponses. Vous voulez que je vous dise pourquoi ? Imaginez qu’aujourd’hui vous remplaciez François Hollande qui est au pouvoir par – par hypothèse – Nicolas Sarkozy et l’UMP. Que se passe-t-il ? À la minute même, il retrouve contre lui toute la gauche unie dans l’opposition plus le Front National, donc il se retrouve avec 25 % des voix. On ne peut pas réformer un pays, on ne peut pas conduire une politique sérieuse avec une base aussi étroite. Vous voyez bien que je ne dis pas la même chose que l’extrême-droite, je dis le contraire.

C’était intéressant. Ceux qui vous ont écouté attentivement auront compris que vous n’avez pas abdiqué de l’envie d’être candidat à l’élection présidentielle.

Je n’ai pas abdiqué la volonté de voir le jeu politique français changer, de le changer, de porter un changement. Moi, et j’espère avec d’autres, aux côtés d’autres. C’est ce blocage là qui explique la situation désastreuse où nous nous trouvons.

Une phrase de Manuel Valls prononcée hier soir dans l’émission de Michel Denisot « conversation secrète » fait du bruit ce matin : « Nicolas Sarkozy n’aime pas les gens » a dit le Premier ministre. Ce jugement est juste ?

Je trouve que ce genre d’accusations perpétuelles… Vous savez qu’aujourd’hui je suis très en colère car l’on veut supprimer le latin et le grec de l’enseignement secondaire et il y a un mot grec qui s’appelle les logomachies – les combats à coup de mots – franchement ça ne rend pas service, ça ne fait pas avancer les choses !

Mais il aime les gens ou pas Nicolas Sarkozy ?

Je n’en sais rien honnêtement. Je ne sais pas si Manuel Valls aime plus que François Hollande ou Nicolas Sarkozy. Vous voyez bien que tout cela, ce n’est pas des arguments.

Mais vous aimez les gens vous ?

Mais moi j’espère que cela se voit ! Mais en tout cas je n’ai pas l’intention d’avoir des débats avec Nicolas Sarkozy sur ce sujet. J’ai suffisamment de sujets profonds, de divergences, de différences d’appréciations pour ne pas avoir envie d’entrer dans ces insultes qu’échangeaient les héros d’Homère faute d’avoir à se battre avec les poings et les armes.

Le changement de nom à l’UMP – les « Républicains » – cela vous inspire quelque chose François Bayrou ?

Vouloir s’arroger le nom de « républicain » pour un parti, c’est étrange. Parce que je ne vais pas dire que les socialistes ne sont pas des républicains, ou que le centre n’est pas républicain, je ne vais pas accepter cette affirmation ! Après chacun fait ce qu’il veut, mais ça ne définit pas un parti politique.

Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale suggère de rendre le vote obligatoire pour dit-il, « renforcer le lien entre la République et les citoyens ». Est-ce une bonne idée ou une mauvaise idée ?

C’est un sujet sur lequel j’ai beaucoup hésite tout au long de ma vie politique. Il m’est arrivé, dans des élections plus anciennes, de défendre cette idée. Je pense qu’aujourd’hui ce n’est pas une très bonne idée. Ça donne le sentiment que l’on est dans un pays où la liberté est constamment amenuisée, constamment réduite, constamment attaquée, et je ne crois pas que ce soit une très bonne idée. Je pense qu’il y a deux choses à faire : rendre le vote blanc comme une expression comptabilisée. Il faut le prendre en compte. On dit qu’on l’a fait mais on ne l’a pas fait, comme toujours. Et deuxièmement, représenter tous les courants d’opinions qui ont bien le droit de l’être !

Cela s’appelle la proportionnelle.

Il y a aujourd’hui entre 40 et 45 % des Français – si vous ajoutez l’extrême-droite, l’extrême-gauche et le centre – qui ne sont pas représentés au sein de nos institutions.

On dit que François Hollande projette de faire un referendum là-dessus. Vous vous voyez de temps en temps. Il vous en a parlé ?

En tout cas, j’ai beaucoup parlé de ce sujet au début de son quinquennat. Si on pouvait faire bouger les choses, naturellement je serai favorable et je défendrai cette idée ! Est-ce qu’on le veut vraiment ? Je n’en suis pas certain. Jusqu’à maintenant les signes qui ont été donnés par François Hollande et par les socialistes allaient plutôt dans un autre sens.

Une dernière question d’actualité. Je sais que vous êtes catholique et vous avez un attachement à cette famille de pensée. Le gouvernement français vient de nommer un nouvel ambassadeur au Vatican, M. Stefanini, qui connaît très bien le Vatican. Il est diplomate de formation mais homosexuel et le Vatican n’en veut pas pour cette raison.

Je ne sais pas qui est homosexuel et qui ne l’est pas. Je n’entre pas dans ce genre de choses. Les relations entre la France et le Vatican sont hors de mon domaine de compétences. Pour moi, on ne juge pas de la qualité de quelqu’un sur son orientation sexuelle. Je ne suis pas le Vatican et à l’intérieur de l’Église, je suis d’une humilité totale et absolue, je ne donne pas de leçon et j’essaie de ne pas en donner trop ailleurs non plus. Merci.

 

 

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